QUEMIN/ROYER/LORENZI
Géométrie et création humaine

La géométrie fait part entière du processus créatif humain. Et ce à travers le temps et les formes. C'est pourquoi nous vous proposons une rétrospective de l'évolution de la géométrie dans les arts.
De la préhistoire à la renaissance
Dès la préhistoire, des formes géométriques, ou du moins leurs aspects embryonnaires apparaissent dans les créations humaines. Elles symbolisent le début de la vision mathématique du monde par l'homme, sous une forme naissante, à l'image des connaissances scientifiques qui sont avant tout basé sur une étude primaire de la nature. On retrouve sur cet os de mammouth trouvé a Mal'ta en Sibérie (~20 000 ans av. JC) le dessin de ce qui pourrait être aujourd'hui reconnu comme une spirale d'archimède.


C'est toutefois au civilisation égyptienne et babylonienne qu'on dit devoir les prémices de la géométrie moderne. Les calculs d'aires permettaient de délimiter les propriétés agricoles. A cette époque, la géométrie se confondait alors avec toutes les autres formes de mathématique car tout problème passait par la représentation géométriques d'une situation concrète. La géométrie peut donc être considérée comme le type de mathématique le plus représentatif de la nature, le plus évident.
Un exemple du savoir de ces civilisations sont es pyramides de Gizeh, chefs d’œuvre de l'architecture antique tant la complexité de leur réalisation, géométriquement parlant, semble inaccessible à une civilisation si ancienne.
Ce sont certes les grecs qui inventèrent la plupart des notions géométriques utilisées lors de l'antiquité ( Pythagore, Euclide ou encore Archimède de Syracuse). C'est bien la civilisation romaine qui en fit le plus grand profit à défaut de faire beaucoup évoluer la science.
On pense à cette mosaïque représentant de multiples spirales logarithmiques dans une villa de Corinthe (2e siècle ap. JC) qui n'est pas sans rappeler la fleur de tournesol. Les cirques romains sous eux de formes elliptiques, on associe à cette figure un aspect esthétique mais aussi pratique : ils permettent ainsi d'accueillir plus de publique. Enfin, le plan de la ville d'Alexandrie est un parfait exemple du penchant vers l'homme pour une « simplicité » géométrique. En effet la ville est construite sur un agencement de rue toutes perpendiculaires ou parallèles entre elles. Ce système de plan urbain plait particulièrement, on le retrouve dans la reconstruction de Paris par Hoffmann par exemple.

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Au Moyen-Age, on peut citer cette crosse d’évêque (2e quart du XIIe siècle) encore une fois spiralée. Ou bien l'apparition des rosaces dans l’architecture gothique qui lie une harmonie géométrique naturelle à celle de la religion chrétienne. Cette période reste quand même pauvre culturellement parlant.


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Dès la renaissance, le processus créatif refait surface. Au XVe siècle, les humanistes cherchent a représenter l'homme de la façon la plus juste possible. Et cela passe par un connaissance des proportions humaines. C'est l'apparition de l'homme de Vitruve par Léonard De Vinci qui place l'Homme dans des formes géométriques simples, le cercle et le carré.C'est aussi chez les peintres de cette époque que beaucoup s'amuse a reconnaître différentes spirales d'or, montrant le travail géométrique fait par les peintres. Pourtant, dans leur écrits et témoignages cette notion n’apparaît pas du tout. Il s'agit d'une fausse image que nous nous faisons sûrement. Peut-être est-il plus juste de penser que l'homme, à la manière des plantes qui s'orne de forme géométrique seulement par besoin pratique, créé lui aussi la géométrie là où il ne voulait donner qu'une impression de justesse et d'harmonie, et ce involontairement.
Aujourd'hui encore nature et géométrie sont des éléments importants du paysage artistique.
Le Land Art réutilise les cadres et les objets naturels dans des œuvres bien souvent en extérieur soumises aux contraintes naturelles. L'artiste américain Robert Smithson (1938-1973). Créé en avril 1970 à Great Salt Lake dans l'Utah un des plus grands exemple de Land Art : Spiral Jetty. Il s'agit d'une spirale antihoraire de 457 m de long faites de sel, de rochers de basalte, de bois et d'eau. Il est intéressant de noter à quel point une œuvre de cette forme se camoufle dans la nature et semble lui appartenir. L'eau submerge parfois la création humaine et le sel a transformé le noir qui était sa couleur en blanc. L'oeuvre fait à présent partie intégrale du paysage naturelle de la côte.
L'Anglais Richard Long, lui aussi professionnel du Land Art, range des objets issus de la nature dans des formes simples. Le résultat est étrangement « naturel ». On douterai presque de l'action humaine en voyant les galets blancs de Small White Pebble Circles agencés en cercle, tout comme les bout de bois de South Bank Circle. En effet, la nature s'avère si riche en figure géométrique que tout rangement fait par l'homme autour des ces formes ne surprend pas et paraît tout à fait normal et harmonieux. Mais peut-être n'est-ce qu'une vision idéalisée que l'humain à de la nature.
Epoque moderne et contemporaine

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La spirale Logarithmique apparaît même en littérature. Victor Hugo en fait l'allégorie de la pensée humaine dans « Les pentes de la rêverie » :
Amis, ne creusez pas vos chères rêveries ;
Ne fouillez pas le sol de vos plaines fleuries ;
Et quand s'offre à vos yeux un océan qui dort,
Nagez à la surface ou jouez sur le bord.
Car la pensée est sombre ! Une pente insensible
Va du monde réel à la sphère invisible ;
La spirale est profonde, et quand on y descend,
Sans cesse se prolonge et va s'élargissant,
Et pour avoir touché quelque énigme fatale,
De ce voyage obscur souvent on revient pâle !
- Victor Hugo, Les pentes de la rêverie

https://corailblog.wordpress.com/le-corail-dans-lindustrie/le-corail-dans-larchitecture/
En architecture aussi, la géométrie est centrale. Celle-ci permet ainsi la conception de bâtiment plus esthétique mais aussi plus solide et fonctionnel. Or c'est parfois de la géométrie naturel dont s'inspire directement l'architecte. La Driver's house de Sidney imaginé par Antonio Pio Saracino a été conçu à partir d'algorithme imitant la géométrie corallienne. Elle imite alors le phénomène de biomimétisme des coraux pour se fondre au mieux dans son environnement. Il s'agit d'une notion d'architecture écologique dans laquelle il est question de concevoir des bâtiments respectueux de la nature mais aussi des paysage.
Une dernière forme artistique proche des mathématiques est l'art génératif. Il s'agit d'utiliser des algorithmes pour permettre a l'aléatoire de s'immiscer dans une création. Pour chaque valeur une œuvre unique est créé. Ce phénomène n'est pas sans rappeler la présence du hasard dans la nature, au niveau des codes génétiques, qui donne à deux individus d'une même espèces des caractéristiques différentes, dépendantes d'un variable : le gêne.
En 1962 Hans Haacke invente « Condensation Cube »: un cube de plexiglas rempli d'un peu d'eau. Grâce à la condensation celle-ci dessine différent motif sur la surface transparente et ce en fonction de la température et de l'éclairage du milieux ambiants. L’œuvre explore donc le lien entre les objets physique et biologique et leur processus naturel.
Pourquoi ne pas vous amusez vous aussi avec l'art génératif grâce au logiciel « endless mural » du designer américain Joshua Davis disponible à cette adresse : http://endlessmural.com/#644764. Notez l'interaction entre l'action humaine et l'aléatoire qui contribue à la création finalle.

https://en.wikipedia.org/wiki/Generative_art

Création personnelle - par Joshua Davis

http://lydia.diard.pagesperso-orange.fr/

par Eric Joisel https://www.flickr.com/photos/133381670@N07/

par Dao Cuong Quyet https://www.flickr.com/photos/52972810@N00/
Origami ?
Cet art ancestral japonais consistant à plier du papier est utilisé en Mathématiques pour procéder à la réalisation de figure géométrique plus complexe qu'à la règle et au compas. Il permet ainsi de réaliser de surprenante création géométrique qui se répète (tesselation) ou encore représenter des animaux ou de plantes de manière incroyablement réaliste et ce sans jamais plier le papier. Et si notre Univers n'était q'un plan plié?
Bien que les mathématiques et la géométrie puissent déjà être considérées comme des processus créatifs, elles en inspirent bien d'autre. L'Homme semble avoir un goût inévitable pour ce qui lui parait ordonné et harmonisé: il retouve ces aspects dans la géométrie. Il deviens alors semblable à la nature, utilisant le géométrie en tant qu'outil créatif et constructif, parfois même inintentionnellement